Pour rejoindre le poste frontière sud-africain du Sani Pass, j' emprunte une piste d' environ 12 kilomètres ... Vraiment très inconfortable (travaux en cours !) . A plusieurs reprises, le châssis de ma voiture s' est frotté au sommet de grosses ornières . Pour ne pas l' endommager, j' avoue avoir envisagé rebrousser chemin . J' atteins cependant le poste à 8 heures, tout pile à son heure d' ouverture (altitude : 1 950 m) !

Au-delà de ce poste, il est obligatoire de posséder un 4x4 si on veut atteindre le sommet du Sani Pass véhiculé .

Ce col frontière avec le Lesotho culmine à 2 874 mètres ... Soit une petite "grimpette" de plus de 900 mètres de dénivelé positive, répartis sur

8 kilomètres !

Refroidis par une nuit glaciale, mes muscles et mes articulations semblent "traumatisés" par cette subite mise en action ...

Cette ascension s' annonce délicate ! Vais-je parvenir à atteindre cet objectif ?! J' en doute à ce moment là ... Et puis, progressivement, mon corps semble "encaisser" que je le sollicite ; je grimpe désormais de manière régulière et à bon rythme .

La piste épouse les reliefs d' une brèche naturelle taillée dans des parois rocheuses et abruptes ; elle s' élève en de nombreux lacets .

Plus je grimpe et plus le panorama est étendu, il dévoile des paysages bruts et sauvages tels je les aime ... Magnifique !

Les derniers lacets sont les plus pentus (plus de 35 % par endroits !) ... J' entrevois désormais le sommet, mais chaque série de virages en épingle à cheveux en découvre encore de nouveaux ! J' ai vraiment l' impression de ne jamais pouvoir l' atteindre !

Deux heures trente après avoir franchi le poste frontière Sud-africain, j' aborde enfin celui du Lesotho .

J' aborde alors un plateau aride, couvert de prés aux herbes rases et de champs de cailloux . Il est bordé par de hauts sommets blanchis par une fine pellicule de neige fraîchement tombée . Des Sothos (un peuple bantou d' Afrique australe) s' y sont installés ; ils y élèvent des moutons

et vendent par ailleurs aux touristes, quelques articles d' artisanat local . Ils y ont bâti de petites huttes en pierre, coiffées de toits de chaume .

Cette fois, il ne me reste plus qu' à dévaler les 8 km qui me séparent de l' Afrique du Sud ...

Mon passeport est alors tamponné du droit de sortie du Lesotho, alors que l' encre de celui "d' entrée" avait tout juste eu le temps de sécher !

Dégringoler le Sani Pass se révèle bien sûr beaucoup plus aisé que de ne le grimper . Cependant dans les premiers kilomètres, mes jambes chauffent un peu, alors qu' elles essayent de freiner la masse de mon corps m' entrainant dans la pente .

Les occupants de chacune des voitures croisées ne manquent pas de m' encourager . Entamant un petit brin de discussion, ils s' enquièrent de mon sort . Un petit groupe qui pique-nique me propose même de partager leur "lunch", d' autres d' échanger autour d' une bière ... Sympa !

Ils paraissent admiratifs ... Je le suis moi-même lorsque je croise un vététiste !

Je n' ai croisé aucune autre personne s' étant engagée à pieds dans le Sani Pass !

Un peu plus d' une heure trente de descente plus tard, j' atteins le poste frontière sud-africain du Sani Pass .

De retour au Sani Lodge Backpakers, je laisse filer les quelques heures qui me permettent encore de profiter de ces somptueux paysages .

Je règle les détails de l' itinéraire et du programme de demain ...

La nuit avait été toute aussi glaciale que la veille . Malgré des épaisseurs supplémentaires enfilées, je me suis finalement levé dès 3 heures du matin, trouvant refuge dans le salon du Sani Lodge où je relançais le foyer de la cheminée .

Du coup, il est de très bonne heure encore, lorsque je reprends la route ...

J' ai prévu ne faire qu' un passage "éclair" dans cette partie centrale du Drakensberg . Le Giant' s Castle est certainement l' une des vallées les moins fréquentées et de ce fait, je ne suis pas parvenu à repérer de logement à prix raisonnable . Aussi, je n' envisageais effectivement pas

d' y passer la nuit !

Ce joli Parc propose différents sentiers de randonnées . Arrivé sur place à 10 heures, je veux impérativement en ressortir avant 15 heures

(car un peu de route me sépare de ma prochaine destination, où je dois encore trouver où loger !) . C' est notamment sur ce critère

que j' opte pour la World' s view" : une balade de 14 km annoncée en 4 h 30 .

Cette balade en aller et retour ne présente aucune difficulté . Elle s' effectue principalement à flanc de colline, alternant faux-plats montants et faux-plats descendants . Cette promenade plutôt aisée dévoile tour à tour de très belles perspectives sur toute la chaîne du Drakensberg .

L' arrivée finale est cependant moins aisée, avec ce monticule (à droite, sur la photo de droite ci-dessous), qu' il faut escalader sur un sentier tracé en ligne droite .

A son sommet se dévoile alors un somptueux panorama à 360°, ouvert sur une nature belle et sauvage ... Un paysage de bout du Monde !

Le retour s' effectue par le même chemin ... Je prends néanmoins tout autant de plaisir à évoluer au cœur de ces jolis paysages, exposés désormais à une autre lumière . Au cours de la balade, je n' ai croisé absolument personne !

Quelle est belle cette vallée, baignée de la lumière d' un soleil ayant commencé à décliner . De subtiles teintes automnales magnifient encore le tableau ! La route prend fin au pied du caractéristique Champagne Castle, deuxième sommet le plus élevé  d' Afrique du Sud .

Je m' installe  au Inkosana Lodge .

J' avais très mal dormi ces deux dernières nuits ... J' ai prévu aller randonner encore demain, alors mieux valait-il être en forme !

Après avoir hésité à planter ma tente, je consens à prendre une chambre ... et franchement, je n' allais pas regretter les 17 € qu' elle allait me coûter . Évidemment, à ce tarif, il s' agit d' une chambre partagée, mais étant l' unique pensionnaire, elle sera MA chambre durant les 3 nuits

que j' allais passer ici .

L' Inkosana est vraiment un bel établissement dans lequel il est bien agréable de séjourner . Je passe la fin d' après-midi dans ses très beaux jardins fleuris, avec vue sur les sommets de Champagne Castle, Cathkin Peak et Monk' s Cowl .

La décoration soignée de cet établissement apporte à l' ensemble, une ambiance chaleureuse .

Il dispose d' un superbe salon équipé de moelleux canapés où j' aurai chaque soir, plaisir à me "vautrer", privilégiant toujours celui placé le plus proche du poêle à bois . La cuisine (bien équipée) est aussi très sympa ; seuls les sanitaires sont un peu décevants, mais très bien entretenus,

ils demeurent néanmoins tout à fait corrects .

Le temps est couvert ce matin ... Aussi, les températures ne sont-elles pas négatives ; avec 6°C affichés au compteur de ma voiture, elles sont même plutôt douces ! Aux premières lueurs du jour, les éclaircies dévoilant les sommets où j' ai prévu aller marcher, présagent finalement une belle journée ensoleillée .

L' entrée du Parc Monk' s Cowl se situe à l' extrémité d' une route en cul-de-sac .

J' y achète une carte sur laquelle figure l' ensemble des balades qu' il est possible d' effectuer .

Pour des raisons de sécurité, il m' est demandé de mentionner vers laquelle je compte me diriger ! Comme l' employé semble un peu agacé lorsque je l' interroge sur les avantages des unes par rapport aux autres, je lui indique au hasard, la Gorge/Nandi Falls .

Je m' y dirige ...

Les paysages sont magnifiques ... Néanmoins, j' ai rapidement su que cet itinéraire ne me conviendrait pas vraiment : je voulais flirter avec les sommets stars du Parc, mais n' en prenais pas vraiment la direction .

Je finis par faire demi-tour pour rejoindre un autre sentier .

Je progresse alors trop longtemps à couvert sur la Hlatikhulu Forest Trail, frustré de ne  pouvoir observer le moindre paysage .

Quelques cascades agrémentent cependant cet itinéraire, dont les Nandi Falls (ci-dessous) .

La bonne option aurait sans doute été de m' engager sur l' itinéraire Blindman' s Corner . J' ai déjà parcouru de nombreux kilomètres, mais il est encore tôt, alors je me risque sur le Keartland' s Pass . Et là, ça grimpe, ça grimpe, ça grimpe ! A plusieurs reprises j' ai bien cru faire demi-tour ... Pensant la "Pass" désormais proche, je poursuis néanmoins : "J' ai pas fait tout çà pour renoncer maintenant, et pis si ça se trouve, après le prochain lacet je serai arrivé ?!"  ... Mais ça grimpe encore !

Stimulé par la beauté sauvage des paysages, je finis par atteindre la Pass .

Poursuivre à droite vers Blind Mans Corner est tentant, mais je ne sais pas à cet instant, si j' en ai encore le temps ?! Et puis, en aurai-je encore

la force ?! Les nuages accrochant désormais le Blind Mans Corner, ont fini de me persuader qu' il fallait mieux cette fois, me montrer

raisonnable : je prends finalement à gauche ... Mais qu' est ce que c' est beau !

En fait, je suis cuit ... J' espère alors que l' itinéraire de retour vers Monks Cowl Office ne comporte plus aucune déclivité positive !

Rassuré, je dévale à vive l' allure la pente jusqu' à rejoindre mon véhicule ... Mais qu' est ce que c' est beau !

A la louche,  durant près de 7 heures, j' aurai finalement parcouru une grosse vingtaine de kilomètres ... Je devrais passer une bonne nuit !

Je n' avais pas de regret, j' avais découvert une palette infinie des paysages susceptibles d' être admirer dans le Monks Cowl, mais si je l' avais su, je me serais directement orienté vers le Blindman' s Corner ; à mon avis le plus bel itinéraire (ou du moins, le plus à mon goût) !